Hyper-local rooms
2021-2023.Arles, Marseilles, Kyoto, Onomichi.
Recherche-création participative et pédagogique.
Co-organisation : Fanny Terno, Thomas Vauthier, Corentin Laplanche-Tsutsui.
Participants : École Nationale Supérieure de la Photographie, Kyoto University of the Arts.
Abstract
Le projet Hyper-local rooms est une recherche artistique participative, qui se développe autour de la création de deux dispositifs miroirs, venant interconnecter deux localités : le sud de la France (Arles, Marseille) et le Japon (Onomichi, Kyoto). Ces dispositifs serviront de support de création, d’exposition et d’habitation, dans une optique collaborative et pédagogique (en lien avec L’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, Aix-Marseille Université et la Kyoto University of the Arts). La mise en rapport de ces deux espaces visent à créer les conditions favorables pour une réflexion commune et transculturelle sur les différents modes d’habitabilité du monde.
Sommaire
- Projet général
- Exposition prospective (mai 2021)
Projet général
Le Foyer
Le projet Hyper-local rooms s’inscrit dans le cadre du Foyer : un centre d’expérimentation d’art et de recherche basé à Onomichi, dans la préfecture d’Hiroshima au Japon. Il a été conçu par les deux artistes-chercheurs Fanny Terno et Thomas Vauthier dans le cadre de leur d(u)octorat de recherche-création, et prend place au sein de quatre maisons caractér isées comme akiya (en japonais : biens sans maître, maisons vacantes). La multiplication de maisons vacantes est manifeste de l’actuelle dynamique démographique et économique à l’oeuvre dans le Japon post-bubble; tendance particulièrement agissante à Onomichi qui est considéré comme l’un des lieux clés de revitalisation urbaine (toshi saisei). Le projet Foyer peut dès lors être apprécié comme une tentative de s’exposer, en tant qu’artistes-chercheurs, à ces problématiques et de mobiliser la pratique artistique pour en saisir le potentiel de revitalisation (culturelle, économique, démographique, symbolique).
Le projet Hyper-local rooms marque la poursuite de collaborations multiples entre Thomas Vauthier, Fanny Terno et Corentin Laplanche Tsutsui, aussi bien sur le plan de la recherche, sous la forme d’un séminaire informel, que de la pratique, notamment autour du projet Dés-oeuvres de jeunesse, initié par Thomas Vauthier.
Afin de donner un nouveau cadre à cette collaboration, Fanny et Thomas décident d’inviter Corentin en résidence à Onomichi, la première dans le cadre de leur projet Foyer. Le contexte sanitaire nous oblige à repenser la formule : la résidence est devenue télé-résidence.
Dispositif-environnement
Le principe directeur de ce dispositif est de proposer deux installations, qui seront l’objet d’expérimentations croisées et d’un système de téléprésence permettant leur interconnexion. L’idée est de transformer ces lieuxinstallations en outil, en appareil venant répondre à trois grandes fonctions : faire, exposer et habiter. Celles-ci sont à concevoir dans leur hybridation, dans leur synchronicité, c’est-à-dire suivant un équilibre entre les trois pôles, qui seront toujours entremêlés.
Dans la version qui se déploiera à Onomichi, la perspective d’expérimentation sera in situ, à l’échelle d’une pièce d’une des maisons du Foyer. Cette dernière relève d’une forme archétypique de l’habitat japonais, la pièce à quatre tatamis et demi (2,7m x 2,7m), modèle de la salle de thé héritée de la simplicité/frugalité des cabanes des poètes chinois qui fut renouvelée au XXème pour désigner les chambres d’étudiants (l’équivalent de nos chambres de bonnes).
Les interventions se porteront sur les interstices entre les tatamis, dans lesquels viendront s’intercaler un système de rails (en bois ou aluminium profilé noir) permettant d’y placer et d’y faire glisser une multitudes de modules. Ces derniers seront dans la lignée de nos trois axes : faire (une caméra - possibilité de faire des travelling, un micro, etc), exposer (cimaises, écran de projection, etc) et habiter (tablette, fusuma, miroir).
La version qui sera développée à Arles, correspondra davantage, de par son caractère ex situ, à une installation itinérante. Sa structure, qui sera construite en bois, à échelle 1:1 viendra reproduire, comme un duplicata, la pièce à Onomichi mais sera plus modulable, notamment avec la possibilité de faire pivoter les pans de murs. Si la version à Onomichi consistera en l’inclusion de ces rails dans l’espace existant, cette autre installation en France sera uniquement composée de ces rails (sans les tatamis), dédoublés au plafond, et de la structure en bois dessinant les. limites de l’espace autant que soutenant les différentes parties du dispositif : une ossature ou charpente.
Dimension participative / pédagogique
Le programme du projet transculturel Hyper-local rooms sera décliné entre temps de communication, “journée projets”, workshops et expositions, entre octobre 2021 et mai 2023. Le projet vise à la mise en lien et à l’interconnexion de deux espaces, autant qu’au rapprochement et à la confrontation de regards divergents sur les modalités d’exposition ainsi qu’une analyse critique des spatialités à l’oeuvre, au croisement entre exposition et habitation, entre la France et le Japon. Depuis Arles vers Onomichi / depuis Onomichi vers Arles : depuis-vers Arles-Onomichi.
Ce mode opératoire de mise en lien des espaces et des territoires à travers les deux installations-dispositifs, est aussi manifeste dans la dimension transculturelle du projet entre les étudiants japonais et français, qui brouille les modalités de provenance, de production, et de monstration des images, et provoque un dé-paysement par le transit de celles-ci.
La portée participative / pédagogique se déploie dans la volonté de partager ces chantiers de recherches, d’offrir la possibilité au maximum de participants de s’exposer à ce milieu, que nous avons développé ce dispositif en miroir, venant relier Onomichi à l’ENSP. Comme une sorte de pont entre deux localités, entre deux cultures, offrant la possibilité d’un décentrement heuristique.
Concrètement, cette perspective se développera par l’inclusion d’étudiants et d’étudiantes du Global Seminar (dispositif in situ à Onomichi), du laboratoire Pi (dispositif ex situ en France) à plusieurs échelles possibles : la conception/fabrication de l’installation, l’expérimentation (proposer des variations, des modules), ou l’exposition (exposer à l’intérieur du dispositif).
Il pourra aussi bien s’agir de dispositifs de téléprésence expérimentaux que de collaborer sur des projets ayant trait à la spatialité des lieux en question. Les formes seront libres et s’inscriront dans le cadre de l’installation-dispositif conçue par le trio à l’initiative du projet.
Ce volet pédagogique se déroulera sur une année entre octobre 2021 et mai 2023, avec des occurrences régulières, deux temps fort de workshop (mars 2022 et 2023) et au moins trois expositions (mai 2021, ENSP - présentation du projet, une en avril 2022 à Marseille au centre Turbulences, octobre 2022 à Kyoto à l’occasion du festival Kyotographie).
Exposition prospective (mai 2021)
Salles de monstration de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles,10-12 mai 2021.
Lors de ce premier temps, nous avons déployé, d’une part, une multitude de gestes venant déconstruire et imaginer des narrations alternatives autour du lieu même de l’exposition, à savoir l’ENSP qui cristallise des tensions tant au niveau de son in-habitabilité, où se pose la question de son caractère inadapté aux usages, que de son rôle clé dans la transformation récente de la ville dans une logique de dynamisation post-industrielle.
D’autre part, nous avons expérimenté autour de la prise d’images, de documents, de sensations à distance (caméras de surveillance, impressions sur verre, modélisations 3D) comme autant de manières d’approcher, d’appréhender et de représenter le Foyer à Onomichi, pour l’instant inaccessible de par le contexte pandémique. Ces formes manifestent une certaine latence, par des dispositifs d’inter-connection (télé-présence) en attente d’être utilisés, ou des éléments symbolisant le départ prochain - mais toujours suspendu. Cette démarche entre aussi dans le cadre d’une approche prospective et spéculative qui caractérise aussi bien le projet Foyer.
Cette première occurrence a donné lieu à une occupation du lieu de monstration de l’ENSP pendant plusieurs jours, dont a résulté un format d’exposition performée, du 10 au 12 mai 2021. Ce premier temps de collaboration constitue donc l’amorce des gestes et dispositifs, ensuite partagées aux futurs participants.
Vues d’exposition
Onomichi monogatari (Fanny Terno et Thomas Vauthier)
Vues de l’installation Onomichi Monogatari, cartes postales sur portant, cartes postales agrandies sur médium contrecollé, vidéo, dimensions variables, 2021.
Détails de l’installation Onomichi Monogatari, cartes postales agrandies sur médium contrecollé, dimensions variables, 2021.
Photogrammes de la vidéo Onomichi Monogatari, 2021.
Le foyer, distance digitale (Thomas Vauthier et Fanny Terno)
Vue l’installation Le foyer, distance digitale, maquette d’argile et d’images imprimées au toner, recomposée en photogrammétrie, visite guidée en boucle, 2021.
Photogrammes de la pièce vidéo Le foyer, distance digitale, maquette d’argile et d’images imprimées au toner, recomposée en photogrammétrie, visite guidée en boucle, 2021.
Le foyer, détails (Fanny Terno et Thomas Vauthier)
Vue l’installation Le foyer, détails, diaporama de détails photographiques à partir d’images récupérées du foyer à Onomichi, vidéo-projection sur organza de soie, 70 x 30 cm, 2021.
Photogrammes de la pièce vidéo Le foyer, détails, diaporama de détails photographiques à partir d’images récupérées du foyer à Onomichi, vidéo-projection sur organza de soie, 70 x 30 cm, 2021.
Le monument d’Arles (Thomas Vauthier)
Vue de la pièce Le monument d’Arles, peintures digitales, dimensions variables, écran plat, 2021.
Le monument d’Arles, peintures digitales, dimensions variables, écran plat, 2021.
Le monument d’Arles, peintures digitales, dimensions variables, écran plat, 2021.
I wish the sanitizer was streaming out of the dragon’s mouth (Fanny Terno)
Vue de la pièce I wish the sanitizer was streaming out of the dragon’s mouth, captures d’écran de l’application Google Traduction, c-print, 25 x 240 cm, avril 2020.
Détails de la pièce I wish the sanitizer was streaming out of the dragon’s mouth, captures d’écran de l’application Google Traduction, c-print, 25 x 240 cm, avril 2020.
Textures, ENSP et Textures, Foyer (Thomas Vauthier)
Vue de la pièce Textures, ENSP et Textures, Foyer, impression laser, 200x50 cm, 2021.
Textures, ENSP et Textures, Foyer, impression laser, 200x50 cm, 2021. (cliquer pour zoomer)
Omamori, Arles (Fanny Terno)
Omamori, Arles, tissu traditionnel provençal Valdrôme, lavande, corde élastique, ouate, 85 x 50 cm, 2021.