L’exposition comme jardin
Exposition à l’espace Van Gogh, Arles.6 juin 2018.
Les oeuvres de Fanny Terno ouvrent sur un monde de la discrétion.
Les images s’échappent, évasives. Leurs présences sont toujours évanescentes, quelque chose apparait pour si tôt se retrancher.
C’est une figuration en creux, le visible côtoie l’invisible, Fanny Terno creuse la représentation, y laisse un espace vacant, une fenêtre pour le spectateur. Elle se place ainsi dans la lignée de l’histoire de la photographie depuis ses origines, hantée par des fantômes et la magie (photographie spiritisme, punctum de Barthes)
Par une fenêtre on peut apercevoir plusieurs figures qui attirent et attisent l’attention.
Un vêtement rouge, étalé au sol, manifeste une présence passée, révolue, un ça-a-été mystérieux et narratif.
Plus loin, de nuit, un éclair de flash surprend des bouteilles d’eau disposées comme des sculptures, ainsi que des tâches blanches suspendues à des branches. Sur de fins textiles bleus, doux comme une peau, des formes indistinctes apparaissent en demi-teintes. Rien ne se dévoile, tout n’est que suggéré.
Certaines images se refusent même au regard, caché dans un (re)pli de tissu ou sous une cimaise. Acte radical d’échappée, de discrétion, de délicatesse. L’image la plus précieuse n’est-elle pas celle qu’on garde la plus secrète?
Enfin, un objet, une Magic 8 Ball, cette fameuse sphère magique censée prédire l’avenir est secouée à travers la réponse à des questions existentielles. Dans ce montage de vidéos amateurs d’acharnés, sceptiques en soif de réponses, la Magic 8 Ball est détruite pour en décortiquer les entrailles et le fonctionnement des réponses attendues.
Finalement, cet objet symbolise bien de que nous propose Fanny Terno à travers l’exposition : une œuvre, qui en refusant de s’offrir totalement, en se refusant à une saisie instantanée et acéphale, nous invite à prendre le temps en suscitant notre attention pour finalement reechanter le réel.
T.V.
︎ Vues de l’exposition
Crédits : Nicolas Cantin, Fanny Terno.
Sélection de pièces présentées
︎ Gestes loopés
Vidéo en boucle, moniteur trinitron, 2018.(Extrait)
︎ Rock my symbols
Vidéoprojection, 6’24”, 2018.︎ Jeté tombé
Tirage c-print sur dibon, 59 x 84 cm, 2017.︎ Portrait au fukusa (Thomas)
Impression jet d’encre contrecollé sur dibon, 59 x 84 cm, 2017.︎ Image sous tissu (le don)
Tissu grège en soie replié, photographie d’archive personnelle, 2018.︎ Regarder le vide (retourner l’aura)
Image-trace d’une performance issue de DODJ, impression jet d’encre contrecollée sur dibon, 10 x 15 cm, 2018.Performeurs : Théo Casciani, Odilon Ottinger, Cléo Verstrepen, Thomas Vauthier à Paris.